dimanche 30 janvier 2011

La Chute

Le ministère de la Justice est sens dessous-dessus. Ne cherchez pas le motif dans l’état déplorable du service public, la lenteur des dossiers, les engorgements des cours, les erreurs de procédures, les abus et les dénis de justice, non tout cela n’est que routine insignifiante dont on s’occupera aux calendes grecques. La cause en est que certains voudraient déménager le ministère à la porte de Bagnolet.

Je ne suis pas adepte de la théorie de la conspiration, mais quand on descend à la station de métro Galliéni pour une petite promenade dans les environs, on se dit que cet environnement urbain ne peut pas être le fruit du hasard. Non, c’est sûr, des architectes, des urbanistes et des conseils municipaux se sont réunis dans une cave voûtée en habits monastiques, ont prêté des serments effroyables et ont comploté comment pourrir au maximum la vie des résidents du quartier en soignant chaque détail afin que tout soit glauque, désespérant, laid et affreux.

Alors, évidemment, on peut comprendre les fonctionnaires : passer de la place Vendôme où tout n’est que luxe et volupté à la Porte de Bagnolet, c’est une nouvelle Chute des anges. D’un autre côté, seul avantage du projet, le ministère se rapprocherait des justiciables, que l’on pourrait pendre sans plus de procès aux traverses de soutènement de l’échangeur routier qui sert de ciel à ce lieu.

Aux dernières nouvelles, le gouvernement aurait fini par reculer en reportant ce projet de déménagement. C’est que les juges pourraient bien faire valoir devant de hautes cours que les affecter Porte de Bagnolet serait constitutif de traitements inhumains et dégradants.

samedi 15 janvier 2011

Tabula rasa

Aux Etats-Unis, on réédite Mark Twain en caviardant le mot 'nègre' de ses textes. Au Canada, on censure ‘Money For Nothing’, la chanson des Dire Straits, qui contient le mot 'pédale'. En Europe, on livre une guerre à 'Tintin au Congo' et l'on gomme la cigarette de Lucky Luke et de Serge Gainsbourg.

Le passé est plein de choses choquantes. Les livres d'histoire, malgré le crayon correcteur habilement manié, sont bien obligés de faire allusion à des pratiques peu politiquement correctes. Il n'y a pas un roman des temps anciens qui ne contienne quelque impropriété. Le croiriez-vous, dans 'Madame Bovary', Homais n'est ni gay, ni transexuel ? Comment éduquer nos enfants à partir de textes aussi convenus ?

La solution n'est plus dans la censure à la petite semaine. On pourrait utilement s'inspirer de Fahrenheit 451 et brûler tous les livres mais ce serait encore insuffisant. Il faudrait aussi un programme qui détruise de nos ordinateurs toute donnée datant de plus de quelques mois. Mais surtout, ce qu'il faut d'urgence, c'est que nos savants nous concoctent une potion qui effacerait tous nos souvenirs. On la boirait le 31 décembre de chaque année et l'on pourrait ainsi repartir d'un bon pied. Et si cette potion nous grille quelques neurones au passage, ce serait tout bénéfice. L'intelligence est en effet chose suspecte et politiquement incorrecte, ne serait-ce que parce qu'elle est très inégalement distribuée.


Canada bans ‘Money For Nothing'
Fri 14 Jan 2011
A watchdog in Canada has banned the track from being broadcast on their airwaves, after deeming it too offensive. The ruling centres on lyrics in the track and the word "faggot", which features three times in the second verse. The panel were warned that ‘Money For Nothing' was "extremely offensive" to gay, lesbian and bisexual people.

"The societal values at issue a quarter century later have shifted and the broadcast of the song in 2010 must reflect those values, rather than those of 1985," ruled the council. This means any station that wishes to play the track must edit it or disguise the offending word.

jeudi 13 janvier 2011

Le croc à phynances

Le manque de gouvernement rend fou. Benoît Poelvoorde vient d’appeler à la grève du rasoir tant que la crise politique belge perdure. Il devrait pourtant se méfier, car Fidel Castro avait fait une promesse du même tonneau pour finir par ne jamais se raser la barbe, pour signifier la permanence de la révolution. Ça n’a pas empêché sa police politique de manier le rasoir sur les opposants, car un gouvernement, au début, ça a l’air sympathique et puis cela finit par manier le croc à phynances et la machine à décervelage…

Car s’il y a un gouvernement en Belgique, celui-ci commencera par réduire les droits de citoyenneté de la minorité wallone pour ensuite mieux appliquer une politique d’austérité drastique aux petites gens de la majorité flamande. C’est officiel, il suffit de lire les programmes des partis.

Donc, il y aurait quelque logique à menacer de ne plus se raser la barbe si d’aventure un gouvernement se formait.

D’ailleurs, depuis qu’il n’y a plus de gouvernement en Belgique, tout continue comme avant à aller cahin-caha. C’est bien la preuve qu’il n’y a pas besoin de payer très cher des Docteur Knock se prétendant ministres et assurant que sans eux, le char de l’état coulerait dans les tempêtes que leurs politiques dérégulatrices ont très largement contribué à créer.

Le plus rigolo, c’est qu’une manifestation pour réclamer un gouvernement est en train de se monter sous l’impulsion de quelques inconscients qui se gardent bien de formuler un quelconque projet politique, ce qui révèlerait le pot aux roses. Un gouvernement pour le plaisir d’en avoir un, en quelque sorte.

Quant à moi, je pense que se payer un gouvernement dans la situation économique actuelle, ce n’est pas raisonnable. Il faut savoir réduire son train de vie.