lundi 5 avril 2010

Ordre juste

Ségolène Royal a déposé l’expression « ordre juste ». Bon citoyen respectueux de la propriété d’autrui, je m’efforce de respecter ses droits. J’ai donc décidé de ne faire régner désormais autour de moi qu’un ordre injuste, en harcelant les faibles, en punissant au hasard les enfants, en me montrant infect avec mes collègues et plus généralement en molestant la veuve et en spoliant l’orphelin.
J’espère que personne ne déposera « ordre injuste », car il ne me resterait plus qu’à devenir anarchiste.

Des scientifiques, exaspérés par un de leurs collègues jouant les trublions, en ont appelé au pouvoir politique pour faire taire l’insolent et pour rétablir l’ordre juste. C’est amusant de voir comme il suffit d’un contradicteur obstiné comme Claude Allègre pour voir une communauté universitaire vouloir rétablir les arguments d’autorité académique et demander l’instauration d’un Ministère de la Vérité.
Personnellement, je suis un Luddite et je pense que l’Occident, ayant expérimenté l’instruction avec les désastreuses conséquences que l’on sait, ferait bien d’essayer l’ignorance. Cela aurait comme vertu annexe de soulager le déficit du budget de l’Etat en sabrant dans les crédits de l’éducation et de la culture.

L’ordre juste règne aussi en Belgique. Un tribunal a jugé qu’un malheureux, victime de plusieurs agressions, était en réalité coupable d’avoir provoqué ses bourreaux en habitant une trop belle maison dans la ville sinistrée de Charleroi et en conduisant une trop puissante voiture.
Ce jugement est intéressant dans ses conséquences, car pour respecter cette jurisprudence, il conviendrait de parquer les pauvres, par exemple à Charleroi, pour laisser aux riches le reste du pays. On établirait des barrages autour de la réserve pour empêcher les pauvres de circuler librement, ce qui fluidifierait notablement la circulation ailleurs.
Le bénéfice écologique de cette mesure serait encore accru si, pour éviter la prolifération des pauvres qui ont tendance à se multiplier comme des souris dans une grange, on organisait des safaris prophylactiques dominicaux dans la zone, genre chasse du comte Zaroff. Tout trophée rapporté par les chasseurs leur vaudrait un droit d’émission de CO² supplémentaire, proportionnel à l’économie faite en supprimant une paire de poumons superflus.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais Allègre n'a pas raison pour autant ! C'est un géochimiste, que connait-il au climat ?