Vampires

C’est la mode des vampires. Jusqu’à présent j’avais toujours considéré que de même qu’une porte doit être ouverte ou fermée, on devait être soit vivant soit mort. Mais je commence à reconsidérer ma position. Hier soir, on a passé à la télé une séquelle de Champs Elysées, émission du siècle dernier, dans laquelle des gens que je croyais morts depuis longtemps apparaissaient tout vermeils quoiqu’un peu bouffis et ayant quelques difficultés à articuler et à se mouvoir.

Mais les vrais vampires sont soit transylvaniens, soit anglais, en tous cas depuis Bram Stocker. David Cameron s’emploie à sucer le sang de ses compatriotes selon la grande tradition gothique anglaise. Il vient d’augmenter le coût des études universitaires de façon si faramineuse que les enfants des basses classes devront soit y renoncer soit hypothéquer une livre de chair pour les payer. La presse anglaise feint de s’offusquer que les victimes, d’ordinaire passives, aient mis à sac le hall d’entrée du parti Conservateur, tels de vulgaires paysans des Carpathes montant à l’assaut du château de leurs saigneurs.

Sarkozy vient de donner une seconde vie à F. Fillon. On peut voir ça autrement : F. Fillon tente de garder au cadavre de Sarkozy le souffle qui lui manque désormais. On a même fait appel au zombie de la République, Juppé, pour faire nombre. Le Conseil des Ministres va ressembler au Bal des Vampires. Il semble que Rama Yade n’y jouera pas le rôle de Sharon Tate. Il va falloir se contenter de MAM, quelle tristesse.

Sarkozy n’a pas nommé de gouvernement belge. Vous me direz qu’il n’est pas le roi des Belges. Détail, répondrais-je. Ça aurait eu de la gueule, Super-Sarko ranimant la Belgique. On aurait pu en faire un tableau pompier, montrant un Sarko raphaëlite trônant dans les nuées insufflant au cadavre de la leçon d’anatomie de Rembrandt une vie nouvelle d’un geste imité de Michel-Ange dans sa peinture de la chapelle Sixtine. Toute l’Europe en un seul tableau.