jeudi 4 février 2010

La baffe

Selon les gazettes, Obama vient de donner un camouflet à l’Europe en refusant platement de participer à un sommet en Espagne.

Pourquoi s’en étonner ? L’Europe ne cesse de démontrer son insignifiance dans les dossiers politiques (voir par exemple Les Shadoks de Copenhague). Pire, sur le plan économique, la crise grecque prouve que sans politique économique et fiscale commune, le marché unique et sa monnaie unique ont du plomb dans l’aile. Allons jusqu’à dire que sans un pouvoir fédéral fort dans ces domaines, rien n’ira droit. Les récentes mesures d’urgence de mise sous surveillance communautaire de la Grèce le prouvent.

Mais la claque américaine est-elle une si mauvaise nouvelle ? Après tout, il n’est pas dommageable d’être un nain politique, au moins durant un certain temps et à condition d’en tirer les conséquences budgétaires. Allemagne et Japon, interdits d’ambition militaire après leur défaite ont pu consacrer leurs efforts à leur développement et non à des aventures post-coloniales coûteuses qui ont longtemps plombé les comptes d’autres nations.

Et l’Europe a bien besoin de développement. Ayant raté les virages technologiques principaux d’après guerre (informatique, électronique…), malgré quelques vitrines subventionnées comme Airbus ou Ariane, l’industrie européenne vieillissante perd des emplois qu’un secteur de service languissant ne suffit pas à compenser. Il suffit de quitter les centres-villes muséifiés pour se rendre compte de la pauvreté qui règne dans les banlieues et dans les campagnes.

Les Etats européens feraient bien de couper radicalement dans leurs dépenses de souveraineté, de prestige ou même dans leurs budgets militaires qui à leur niveau actuel de toutes façons ne suffisent pas à maintenir un niveau opérationnel. C’est donc en fait de l’argent jeté par la fenêtre. Participer aux aventures américaines, en Afghanistan ou ailleurs, ne produit aucun avantage politique, comme Tony Blair avait fini par s’en rendre compte et comme Obama vient de le confirmer. Le refus de l’Allemagne à la proposition française d’impliquer leur brigade commune dans le bourbier afghan est donc sain, quoique les raisons invoquées ne soient que formelles.

L’Europe doit se reconstruire pour continuer à exister. Pour cela, il faut investir. Pas en subventionnant les banques. Pas en soutenant des dinosaures industriels qui finiront par s’écrouler. Mais en redonnant du tonus à notre secteur éducatif et de formation, afin de remédier à ses désastreuses performances. L’intelligence est notre seule vraie ressource, encore faut-il la développer. En investissant dans des technologies d’avenir, par exemple dans celles de la basse consommation énergétique. En stimulant l’initiative individuelle, trop souvent bridée par des contraintes absurdes. Et surtout en construisant un vrai espace économique et politique européen, capable se mobiliser les énergies alors qu’aujourd’hui chacun s’épuise dans les politiques nationales, voire nationalistes.

Le chacun pour soi ne marche plus, il faut en revenir à la devise des trois mousquetaires : un pour tous, tous pour un ! A défaut, les pays européens doivent se résigner à l’insignifiance et au déclin.

1 commentaire:

Provisoire a dit…

On est mal barrés avec Herman Van Rompuy et Catherine Ashton !